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JOURNAL DE CAMPAGNE
4 juin 2007

AM 1

Rentrer à présent dans le vif du sujet : voici une semaine, alors qu’il me proposait d’utiliser son bureau, mon père a laissé bien en évidence ces quelques mots : « AM,  voilà  30 ans déjà que tu nous as quittés… Et la douleur en moi est toujours aussi vive quand je pense au bonheur qu’avec toi j’ai goûté, avant que cet affreux malheur ne nous arrive. Papa »

Malgré les conseils des gendarmes, mon père n’a jamais porté plainte contre le chauffard ivre qui tua AM.  « A quoi bon, puisqu’elle était morte et que cela ne la rendrait pas à la vie ? »

Dans le fond je crois, cela tenait simplement à son manque de foi dans la justice et son souci de préserver ce peu de paix qu’il lui restait.

Comment apaiser la  douleur d’un deuil qui s’est fait de travers ?

Comment se libérer de cette souffrance qui ne vient pas tant de la mort que de la trahison des mots, de tout ce qui a été dit pour taire l’essentiel ?

Car durant des années, le non-dit fut pour notre famille un « mode de salut ».

Cela valut pour la mort de ma mère (en 1969), celle d’AM  (en 1972), mais également pour tout ce qui, de près ou de loin, touchait aux choses du corps et du sexe : de tout cela il n’y avait rien à dire, il ne fallait pas en parler. -La  sexualité et la mort ne sont-elles pas également fatales ? Elles nous saisissent toujours par surprise, nous terrassent, ne nous laissant alors pour unique recours qu’une affirmation violente et brutale de la vie.-

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