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JOURNAL DE CAMPAGNE
4 février 2008

Eva, ce matin

Au crématorium, cérémonie à la va-vite. Trente personnes à peine rassemblées dans le brouillard.

Fran et Xavier, effondrés durant la cérémonie. Tous deux ont accompagné Eva dans sa longue agonie.

Comment vivre avec nos morts, aujourd’hui que si souvent la mort est escamotée ? Une mort réveille tous les deuils, ravive toutes les plaies ouvertes depuis l’enfance. Je le sais, l’histoire doit un matin continuer sans moi. Je m’y refuse pourtant, de toutes mes forces, chaque jour. Et si je meurs un jour, je veux un grand et bel enterrement. Intense et mémorable. Et que mon corps disparaisse lentement !

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Commentaires
G
... et pourtant je lutte de toute mes forces contre l'idée que la Grande Faucheuse, à sa guise, quand cela lui plaira, viendra faucher ma vie comme un brin de paille. J'espère qu'alors je serai rendue à l'état de tout petit fêtu rabougri sans plus aucune sève et que me couper me sera un cadeau ! En attendant, je m'accroche à la vie car c'est vraiment le bien que je chéris le plus au monde... Et je vous la souhaite comme à moi, bonne et longue, bon pied bon oeil jusqu'à la fin !
B
La mort n'est jamais qu'une affaire de vivants...
V
Abuelita a parlé pour moi et a osé dire ce que je n'osais pas prononcer...Une des raisons qui font que non, décidément...vivre trop longtemps ne m'intéresse pas, je préfère être ailleurs et profiter de la vie autrement, plutôt que de devenir un légume ou un mort-vivant.
A
plus que la mort c'est la souffrance et la déchéance du corps qui me sont horribles, parce qu'une fois partis de l'autre côté de la vie j'ai une certitude d'un quelque chose d'autre, d'une continuité, j'espère avoir le courage de mettre fin toute seule à cette vie avant la déchéance et je rêve de l'autre vie, déjà
V
Moi aussi je ne le veux pas...sourire. Et profiter de chaque instant de ma vie fait partie de ma mission, justement...Simplement la mort de mon corps, de mon existence terrestre, je la mets à sa juste place, relativement à la vie de l'âme.
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