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JOURNAL DE CAMPAGNE
25 juin 2007

Jeu de piste

Sus 25 juin

Chaque départ nous éloigne de nous-même. C’est à m’en rapprocher sans cesse en luttant contre le courant violent qui m’éloigne de la berge, que je m’astreins ici. Buvant des litres de café noir, fumant jusqu’à l’écœurement, j’essaye de retrouver la structure de ce texte telle qu’elle m’apparut en songe voici près d’un mois à présent, en survolant la Sibérie, lors de mon dernier voyage à Séoul, dans ce jour interminable du retour. (Sous le plaid bleu foncé, dans les brumes d’un demi-sommeil bercé par le tremblement étouffé des moteurs. Mais au réveil tout avait disparu.).

Je ne peux vivre sans ligne de fuite, sans fenêtre ouverte sur l’horizon. Je l’ai dit, c’est à cela que me sert l’écriture, à me libérer de la honte et du péché, de l’enfermement. Ce texte est un jeu de piste dont j’ignore la règle. La main qui écrit ces pages, est mon unique recours devant l’oubli. Elle seule me rattache à la vie présente, hésite, rature, prolonge mon corps. Elle seule dit ma vérité : un ensemble d’os, de tendons et de muscles qui retient le stylo. Ecrire ou peindre, unir la main à la pensée. Ordonner ces liasses raturées, leur apporter une cohérence : traduire en mots et images le magma qui bout en moi.

A vrai dire, lorsque je m’interroge, je ne sais sur quoi s’appuie l’ensemble de mon travail, un fond meuble de désirs éclatés, une forme lacunaire, vouée à l’inachèvement : symptôme / chronique. C’est à la fois ma destinée que j’assemble et qui s’invente dans mon travail : peindre, écrire, tisser un réseau de signes comme un tapis nomade, pour retenir l’essentiel des jours enfuis, pour y inscrire ma vie et la rendre habitable.

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