to sleep to die
Chaque soir, avant de m’enfoncer dans le sommeil, je parle aux morts et leur fais une prière muette.
Dans le silence les mots restent identiques : je leur demande de veiller sur nos vies, de leur donner un sens et d’éloigner le malheur.
Mais n’en va-t-il pas ainsi pour tous nos actes ?
Pour chacun de nos gestes nous cherchons une adresse : un lieu, un être auprès duquel le déposer. (Ceci n’implique pas l’amour. Au contraire parfois : souvent la haine vaut pour seule dédicace.) D’une berge à l’autre, de ma mère morte il y a trente ans à Clara à peine née, ce texte est un pont jeté entre deux âges sur lequel se tiennent tous ceux que j’aime.
La musique de Vivaldi envahit la maison : « Cum dederit dilectis suis somnum », quand il accorde le sommeil à ceux qu’il chérit…
Clara mon amour, ce soir tu m’as souri. Et dans ton sourire tu remettais ta vie entre mes mains.