Sanctus 1

En 1998, lors d’un voyage professionnel, j’ai découvert la châsse de la Sainte. Elle y repose immobile depuis près de cent ans, les mains jointes, intacte au milieux de guirlandes de fleurs en papier et de perles de pacotille. Fantôme enfermé dans sa cage pour nourrir nos rêves, faire croire que certains corps échappent à la décomposition et se relèveront intacts au jugement dernier. Comme une icône oubliée, réveillant ma mère morte, elle aussi sanctifiée.

La sanctification de ma mère fut essentiellement l’œuvre de ma grand-mère comme me l’apprit mon père lors de mes 40 ans,  quand j’osais le questionner.

Requiem In Pace: bien qu’inculte et née dans la misère, ayant vécu sa vie entière dans une ferme isolée, ma grand-mère fut une femme fine, spirituelle, qui rêvait pour les siens de vrai grandeur, en forme de revanche sociale ou de sainteté. En 1996, au terme d’une terrible agonie, elle est morte de la maladie de Parkinson : paralysée, muette, respirant à peine, enfermée dans sa prison de chair et d’os. Durant un an, le mouvement de ses doigts ou de ses paupières, parfois un rictus suivi d’un bref cri rauque, lui permirent seuls de communiquer.

Un jour, plus tard, il me faudra explorer son histoire, sa vie de misère, de religion, d’orgueil plus que tout peut être. Elle qui par son orgueil justement, me voua à un deuil impossible.

Un couple d’épervier plane dans l’air immobile. Sur le fond du ciel les nuages dessinent une forme cotonneuse, proliférante. Nimbo Stratus : prémisses de vent du Sud puis de journées entières de pluies.

Au bas du ciel, les montagnes embrumées brillent dans le soleil.

Comments

[Volcane]

...un ciel vide où seul bruit l'invisible.

S'y perdre s'y enfoncer s'y noyer. Tentation toujours.