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JOURNAL DE CAMPAGNE
4 septembre 2007

Voyages en Mésopotamie

Actualité de ces lignes : déferlements de haines au Moyen-Orient.

Souvenirs de Bagdad et d’Amman : les campements de bédouins aux portes de la ville, la poussière et le désert toujours présents. Le filtre du travail obscurcit-il mon regard ?

Cette traversée de l’Irak sous embargo : les tanks rouillés sur le bord de la route, les check-points à chaque entrée de village, le manque de nourriture, la misère partout.

La guerre était finie depuis plus de cinq ans. Chaque semaine pourtant les avions anglo-américains poursuivaient leurs bombardements : to keep under presure. Ce pays n’était-il pas avec l’Iran le seul capable dans tout le Moyen-Orient de se passer des services des grandes compagnies pétrolières, essentiellement américaines?

De Bagdad à Basraa, dans la limousine noire, sur les pas de Schérazade et de Simbad: le long du Tigre, berceau de notre civilisation et des 3 religions révélées, 2èmes réserves mondiales de pétrole et partout la ruine, la désolation. Immenses portraits de Saddam dressés le long des routes, omniprésence des militaires -eux aussi réduits à la misère-, fatigue sur les visages, gentillesse des gens.

*

Il y a 12 000 ans, dans le nord de la Mésopotamie, les Natoufiens ont abandonné la chasse et la cueillette au profit de l’agriculture et de l’élevage.

Cette révolution dans le mode de subsistance a permis de créer et de distribuer des excédents agricoles, favorisant une croissance démographique rapide, la spécialisation dans des activités artisanales permanentes et l’émergence de classes sociales.

Ceci a coïncidé, durant la période du Dryas récent, avec l’apparition de conditions climatiques plus rigoureuses et sèches qui ont contraint les communautés natoufiennes à abandonner la cueillette et à accroître leurs ressources alimentaires en cultivant le terre.

La population et la complexité socio-économique de ces premières communautés agricoles ont augmenté jusqu’il y a environ 8200 ans, puis décru brusquement à la suite d’un second choc climatique. A cette époque, la fonte rapide du glacier continental qui a inondé la région de l’Atlantique Nord, a entraîné une période de grande sécheresse durant deux siècles dans tout le Moyen-Orient et a contraint les populations à abandonner les sites agricoles du nord de la Mésopotamie.

Un millénaire plus tard, le retour à des conditions climatiques plus favorables dans le sud de l’Irak actuel, a permis la naissance de l’agriculture irriguée des céréales et l’émergence de la société urbaine Uruk, qui occupa le bassin du Tigre et de l’Euphrate.

Cette société prospère, à l’origine de notre civilisation occidentale, s’est brusquement effondrée et a disparu voici 5000 ans à l’issu d’une brève période d’extrême sécheresse.

Quelques centaines d’années plus tard, à la réapparition d’un climat plus humide, des sociétés urbaines, politiquement centralisées, se sont redéveloppées dans l’ensemble de l’est méditerranéen et du Moyen-Orient : ainsi les civilisations akkadiennes dynastiques et impériales de Mésopotamie, les bâtisseurs de pyramides de l’ancienne Egypte, les civilisations palestiniennes de Canaan et Petra, grecques ou crétoises de l’Age du bronze, connurent–elles leur apogée il y a quatre millénaires. Plus tard encore, en Mésopotamie, entre 2800 et 2006 avant J-C, les sumériens inventèrent l’écriture, faite de traits et d’angles, cunéiforme, celle des Assyriens, des Mèdes et des Perses.

Et entre 1792 et 1750 av J-C, Hammourabi y inventa le droit, en faisant rédiger le premier code juridique de l’humanité. Trente huit siècles après, la loi de Babylone ne vaut-elle pas encore à Bagdad : œil pour œil, dent pour dent ?

En quelques décennies, vers 1700 av JC, à la suite d’un retour de la sécheresse et d’un refroidissement brutal du climat qui entraînèrent l’effondrement social de ces civilisations, ces millénaires de gloire et de prospérité prirent fin: le volume des précipitations ayant diminué de près de trente pour cent, les systèmes d’irrigation rendus inutilisables, des populations entières furent décimées par la famine.

Il y a cinquante ans, à la suite de la découverte de gisements pétroliers, le bassin mésopotamien commença à renouer avec la prospérité perdue voici près de 40 siècles.

Pendant quarante ans, les puissances occidentales n’eurent de cesse de contrôler cet accroissement et maîtriser l’exploitation du sous-sol de la région -pour chaque pays du Mashrec « cherchant un maître pour en faire leur esclave ».

L’Iran fut le premier à échapper à leur contrôle ; ainsi durant dix ans poussèrent-elles l’Irak à s’opposer à son voisin dans une interminable guerre fratricide.

Puis lorsque survint la fin de la guerre et que l’Irak, à son tour parut vouloir s’affranchir de leur tutelle, alors fut-il décidé d’anéantir le pays, de le réduire en cendre et le contraindre à l’esclavage, dans une pluie de bombes incendiaires.

C’était il y a dix ans. Et le temps de l’esclavage dure encore

Dans moins d’un siècle, d’importants changements climatiques bouleverseront à nouveau l’ensemble de la planète : l’augmentation des températures moyennes pourra atteindre cinq degrés Celsius, amenant avec elle son cortège de fatalités, d’inondations, de sécheresses et de désespoir.

Voilà Clara mon amour le monde que nous te préparons.

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