Stormy weather

Après une journée d’étouffante chaleur, un orage violent s’est abattu sur la plaine. Des torrents d’eau ont déferlé, inondant la route et le jardin, lavant nos angoisses. Une heure plus tard, le soleil est  revenu.

Hier en me promenant avec M., au détour d’un chemin de traverse, cette vieille grange perdue au milieu des champs. Cette impression de déjà-vu, d’être venu là avant, d’avoir traversé ce paysage, sans pouvoir me souvenir, rattacher cette vision à un moment de ma vie passée. Comme en rêve. La fuite des jours, les nuits peuplées de bruits inconnus, le gravier brûlant crissant sous nos pas, l’oubli. Enfant, sans doute es-tu venu là avec tes parents, ta mère encore vivante. Puis le temps a tout enseveli. Car sinon, comment expliquer ?

La nuit m’entoure à nouveau. Etendu dans l’obscurité, livré à la ténèbre.

On voudrait repousser au plus lointain la rumeur du monde, bloquer sa respiration pour s’enivrer du silence. Demeurer là longtemps, écouter résonner cette voix intérieure, ce murmure du corps, comme lorsqu’on collait à l’oreille un coquillage pour écouter la mer.