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JOURNAL DE CAMPAGNE
3 janvier 2008

Toscane

L'année dernière, avec M.,  je suis retourné en Toscane.

J’ai devant moi des photographies de ce voyage. A Arezzo, dans la chambre d’une pension près de la gare. Nous nous étions assoupis dans l’après-midi. Une chaleur étouffante emprisonnait la ville. Mon oreiller était trempé de sueur. Une mouche s’était posée sur la hanche de Mathilde et descendait en courant le long de sa cuisse. Sans se réveiller, elle la chassa du revers de la main.

Plus tard, Mathilde dormait encore lorsque je l’ai photographiée. « Tu m’as volé mon sommeil » a-t-elle dit en riant. Tout cela est présent en moi  dans  le moindre détail : la mouche dans la lumière, les raies des persiennes, l’écho assourdi d’un train en contrebas, les voix détachées dans le silence de la sieste, son corps  abandonné. Plus tard au crépuscule : les voilages gonflés par la brise légère, le soleil s’enfonçant dans les collines mauves.

Je me souviens aussi des rues de Florence parcourues jusqu’à l’épuisement. Des Pontormo et Rosso Fiorentino découverts un à un dans d’obscures chapelles : la déposition de croix  de Rosso Fiorentino dans l’église de Sansepolcro, celle de Pontormo dans Santa Felicita, la maison de Vasari à Arezzo. Il nous arrivait parfois de parcourir 100 km à la recherche d’un tableau.

La découverte de Dante aussi : la Divine Comédie, pour, près de vingt ans plus tard, au mitant de sa vie, faire son deuil enfin « de la bienheureuse et belle Béatrice » et dire de son aimée « ce qui jamais ne fut dit d’aucune ». Comme un modèle rêvé de cet essai de mémoire. « Nel mezzo del camin di nostra vita mi retrovai per una selva oscura que la diritta via si avia perduto… » « Au milieu de la vie, je pénétrais une forêt obscure… », résumé en 10 mots de ce qui me tient ici. Ainsi l'année dernière, ai-je franchi une de ces lignes imaginaires qui séparent en deux une vie d’homme :jusqu’alors j’avançais vers la lumière, le plein midi ; à présent j’abordai une face cachée de ma vie, la lente marche vers le crépuscule.

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Commentaires
B
merci ma belle... mais parfois pas si fins que ça, un peu brutaux même. Y en a beaucoup
E
Je découvre les mots, en apprécie leurs finesses. Merci.
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