My office

1 avril 2008

Quand, au delà des Landes, on traverse en direction du Sud le piémont pyrénéen, passés les coteaux sinueux qui mènent du pays d'Orthe à Saas, soudain s'ouvre la plaine du gave d'Oloron, large d'à peine quelques kilomètres, entaillée dans la masse des collines.

Partout le vert des prés, des taillis ou des bois submerge la vision, jusqu'à l'horizon bleu-vert où, dans la brume, se détachent les montagnes. De ce vert omniprésent, de cet horizon barré de toutes parts, j'en ai conçu dès l'enfance une haine farouche de l'oppression, qui, la nuit, se manifestait souvent par des crises d'asthme.

Saas est blotti au cœur de la vallée, entre Nenx, le chef-lieu de canton où j'ai passé mon enfance et Gurs, où vivait ma grand-mère.

Mon bureau : en pleine campagne ; à droite : vue sur la montagne enneigée ; alentour : saturé de vert, enserré de collines où courent les renards (hier, un roux s'arrête, me regarde puis s'enfonce en trottinant sous les acacias acérés : vas-t-en manger les poules du voisin !) .

3° 45' 58'' de longitude est, 48° 12' 10'' de latitude nord . A cet endroit exact, j'écris. Dans cette pièce blanche qui du sommet de la maison domine la plaine, assis à la table de chêne, face au mur de pierres polies.

A main gauche, un amoncellement de feuillets raturés. A main droite, les pages blanches, le cendrier d'argent, le bol de café, un mouchoir usagé.