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JOURNAL DE CAMPAGNE
10 juin 2008

Lisbonne bribes

Marinho do Arcada,

Le café est encore vide à cette heure. J'écris à ma table, dans la pénombre de l'arrière-salle. Le vent du large souffle par les vantaux entr'ouverts sur le débarcadère. Dans un coin de la salle le garçon posément déplie les billets puis les range un à un dans un sac de toile jaune. L'âme de ce lieu est ailleurs. Je pressens qu'elle ne se laisse découvrir qu'au terme d'une longue fréquentation. Je pense aux seins tendus des jeunes portugaises, à ceux de Mathilde aussi qui me manque. (J'aime son grand corps plein, sans aspérité, qui s'épanouit dans le plaisir.)

Au mur prés de la porte, une copie d'un manuscrit de Pessoa (Messagem): son écriture fine. Il écrivait ici, à cette table, il y a 70 ans. Dans la même pénombre, il se perdait au loin. Odes marines, Café et Tabac. Alvaro de Campos, frère de songes. (L'ingénieur qui se rêvait poète, du rêve d'un autre, né du bruits de machines, des courroies, des pistons et de la nostalgie des anciens voyageurs; sans cesse ramené aux limites de son pays, à l'étroitesse de sa vie quotidienne, aux bornes de son rêve. De la Science n'avait il pas appris que la matière n'est qu'énergie, lancée dans le vide, que tout ce qui semble uni ne l'est que par la force de la pensée, que le monde se résume à un immense alphabet de 109 éléments ? : "Prés d'Elle, à chaque instant, tout apparaît neuf, intouché, comme au premier jour, car sans cesse son passé se résume en son présent. Jusqu'à quand, comme Elle, pourrons nous feindre d'ignorer notre histoire ?" )

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Commentaires
E
J'aime cette note, l'envie d'etre finalement dans un coin de la piece pour observer, resentir, partir. L'envie de connaitre l'histoire de cet homme, ce poete......
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